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Sexe, drogue, alcool et Valium.
Ce cocktail détonnant qui a fait le succès des romans de Bret Easton Ellis nous étourdit une fois de plus.
Nous sommes en 1981, Bret revient sur [...]
Ne vous laissez pas impressionner par la taille de ce roman, au contraire laissez vous emporter par cette magnifique histoire où tout est possible, vous serez émus et touché, vous [...]
Un très bon manga, bourré d'action et d'humour, il reprend tout les codes des grands comme One Piece ou Naruto, mais en rajoutant un petit je ne sais quoi qui [...]
Littéralement dévorée par « le grand feu » de cette œuvre magnifique, j’ai pris plaisir à relire à haute voix les plus belles pages de cet opus, qui est pour moi le beau, le plus émouvant des œuvres de Leonor De Recondo.
C’est une pure poésie rythmée par la grâce de l’archer et la sensibilité de la plume de la violoniste écrivaine. Ancrée dans le 17ème siècle, Venise n’est que magie et revêt l’un des plus beaux rôles. « La beauté, certains soirs, désarme la mélancolie ».
Le tableau peint par Pierre Adrian s’anime autour des souvenirs de famille, des traditions et les ambiances réglées sur leur poids, égrenant les souvenirs les plus chaleureux comme les plus ennuyeux. Dans ce cadre, au centre, la grand-mère presque centenaire essaie de ne pas s’égarer dans le tourbillon des années. Et puis, il y a Jean, l’enfant dans lequel se retrouve l’oncle trentenaire.
Un voile de nostalgie plane sur ce roman et sied parfaitement à la sensibilité d’une écriture poétique qui traduit l’éphémère fragilité du bonheur.
Dans Naples de l’après-guerre, un espace très réduit au fond d’un immeuble abrite un jeune garçon orphelin, le narrateur. Ce dernier est abrité sous les ailes de Don Gaetano le concierge de l’immeuble qui le nourrit et l’éduque. Avant lui, Don Gaetano avait caché un juif durant l’Occupation.
Il lui inculque une éducation complète, du jeu stratégique de cartes « la scopa », aux travaux manuels qui le conduiront au gré des réparations chez les habitants de l’immeuble à l’éducation sexuelle, une éducation sublimée par la découverte des livres et de la lecture qui permettent au jeune garçon d’accéder aux récits de guerre. Don Gaetano est aussi capable de pénétrer dans la pensée des gens. Aussi n’a-t-il jamais oublié la révélation de son jeune protégé, surnommé « la scigna », le singe, qui lui a révélé avoir vu à travers la vitre illuminée par le soleil de Naples, le regard d’une jeune fille. Et si cette vision traçait un chemin vers le bonheur ?
A l’instar de « Montedidio » un de ses livres précédents, « le jour avant le bonheur » est un roman initiatique porté par l’humanisme de Erri De Luca. Les sentiments, intensifiés par un texte plein de poésie, tissent le récit d’une sensibilité qui ne perd rien de son intensité malgré la traduction. Un grand moment de bonheur pour le lecteur !
Alfred Nakache, juif né à Constantine est arrivé en France en 1933. L’eau n’était pas son élément favori, puis il suffit qu’une circonstance de l’enfance le force à explorer ce milieu jusqu’à ce que, en 1936, il représente la France aux Jeux olympiques de Berlin. Il ne pratiquera pas le salut olympique bras tendu.
En compétitions, dans un style toujours plus élaboré, il nage face à Jacques Cartonnet, né à Boulogne-sur-Mer. Deux styles, deux hommes aux idées antagonistes qui se révéleront sous la période de l’Occupation. Pétain abolit le décret Crémieux. Cartonnet rejoint la milice. Nakache est déporté avec son épouse et leur fille à Auschwitz puis à Büchenwald.
Un livre très émouvant et riches de "petits détails de l'Histoire" à découvrir.
Frankie, jeune femme de 25 ans vient de terminer ses études d’art. Pour fuir la vie trépidante de la ville, elle s’installe dans la maison de sa grand-mère récemment décédée, située sur une colline en pleine nature. Entre les souvenirs de son enfance, la réflexion sur sa place à venir et à tenir dans une société dont les codes ne lui correspondent plus, de plus en plus murée dans sa solitude, tout naturellement elle trace son propre chemin méditatif aidée en cela par les richesses de la nature, sans cesse reliée à l’art.
Beaucoup de mélancolie...
Dans les huit nouvelles, de nombreux acteurs transportent leur culture et leurs peines, leurs plus beaux souvenirs aussi, avec au fond du cœur un rayon d’espoir qui les ferait vivre. Parmi eux, le récit des gamins, des enfants esclaves qui empruntent les égouts pour découvrir la vraie vie, un pays paradisiaque « un pays où les enfants ont des baskets propres, décorées de bleu et de rouge, avec des bulles lumineuses dans les semelles ». Sans oublier la main-d’œuvre issue de l’immigration employée dans nos usines, « les Couscous-tapis », dont les femmes mijotent d’excellents couscous aux indigènes et le mari qui reviendra de vacances au bled avec un beau tapis de qualité commandé par son chef. Il s’appelle Ahmed, elle c’est Fatima… ils ont tous les mêmes prénoms forcément !
Seulement quelques exemples puisés dans ces textes, qui ne pourront jamais traduire les émotions, la sensibilité, la poésie, la pudeur véhiculées par les indésirables si bien honorés par l’écriture et la délicatesse de J.M.G. Le Clézio dans ces nouvelles criant les ravages des fléaux perpétrés par la race humaine.
En 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale, la France s’enlise dans le conflit colonial indochinois duquel elle sortira vaincue. Eric Vuillard ne prend pas le costume de l’historien, mais revêt celui du critique. En couverture, la photo du Général Christian Marie Ferdinand de La Croix de Castries, commandant les troupes françaises à Dien Bien Phu, est-elle la première marque d’ironie choisie par l’auteur ? Toujours est-il que le récit est orienté vers la critique des personnes physiques et morales qui ont tenu un rôle prédominant. Il s’agit des politiques sous la 4ème République, de la bourgeoisie dominante, de la Banque d’Indochine, de l’empire Michelin exploitant les plantations d’Hévéa …et les hommes qui y travaillaient.
Sans complaisance, avec sarcasme et une fine ironie, Eric Vuillard fait de cette terrible période une approche décalée de l’histoire, mettant en exergue les stratégies obscures de certains groupes ou individus qui ont pesé dans l’évolution du conflit.
Après « l’ordre du jour », Eric Vuillard s’attache aux graves moments de l’histoire, sans en entraver la vérité, mais en pointant des éléments qui ont ou auraient pu en modifier le courant. Un court opus d’une grande intensité !
D’une histoire qui pourrait être banale, un rendez-vous manqué entre un fils et son père, la réparation qui arrive à la lumière de regrets et de remords illumine ce roman. C’est forcément triste et pourtant, c’est très beau. Guy rend un bel hommage à son père à travers les mots, les phrases, les références littéraires que ce dernier aimait.
Quant à l’écriture, l’humour voire l’ironie qui la compose m’ont fait penser à la soupape que nous utilisons parfois pour cacher nos vraies émotions ou les sentiments que nous n’osons pas extérioriser.
Bel hommage au père, ode à l’amitié, et honneur à l’écriture, aux mots, à la musique, au théâtre… à la culture en général.
Joseph Vasseur, né en 1919, pupille de la Nation, aurait pu grandir au sein de ce cocon d’amour que lui offrent sa mère, plumassière et sa grand-mère . La mort accidentelle de la première et la déficience cognitive de la deuxième ouvrent à ce Titi parisien la porte du fourgon qui le conduira dans une « famille souricière » puis de nombreuses années dans les établissements de l’Assistance Publique. La Petite Roquette, Mettray, des lieux sordides où les conditions sont totalement inhumaines. Un amour non-conventionnel, une partition et sa force de caractère conjugués aux soulèvements du Front Populaire suffiront-ils à sauver Joseph ?
De la page de couverture jusqu’au point de la dernière phrase, que d’émotions, de bouleversement !
Au nord de la Californie se trouve l’immense forêt de séquoias de Redwood. Loin de l’agitation citadine, les parents bienveillants de Nell et Eva leur ont construit valeurs et références morales. A 17 et 18 ans, leurs parents sont morts, chacune vit cependant avec son rêve, étudier à Harvard pour l’une, être danseuse pour l’autre. Mais lorsque le monde vacille, que l’essence vient à manquer, que la fourniture d’électricité est rompue, que les transports sont à l’arrêt, que des épidémies frappent les humains, que des rumeurs sèment doute et panique…
La dystopie devient réalité, les germes d’autodestruction que portait en elle la société se répandent, l’autrice nous emporte dans ce nouveau monde, un monde où Nell et Eva doivent prendre leur destin en main, exploiter les ressources de leurs ascendants et chercher à combler leurs besoins primaires. La forêt devient leur ressource, elle devient également le personnage principal du roman, sauveur… ou foyer des prédateurs…
Un coup de cœur nuancé par la qualité de la traduction dans laquelle trop d’erreurs de syntaxe obligent à relire des phrases pour s’assurer de leur compréhension.
Sur un ton incisif, ironique, Eric Vuillard nous invite à entrer dans les coulisses de la seconde grande catastrophe mondiale, mettant en exergue les signes prémonitoires qui auraient pu, ou dû, alerter les hommes politiques européens, anglais et français entre autres.
Un objectif et deux dates principales : annexer l’Autriche pour faire de l’Allemagne un pays plus fort ; le 20 février 1933, Göring, et Hitler tout juste chancelier, invitent les grands industriels allemands à participer financièrement au grand chantier. Face à Krupp, Siemens, BASF et tant d’autres, l’opération est une réussite.
Le 12 mars 1938, réunion de Hitler et Schuschnigg au 10, Downing Street, face à Chamberlain et Von Ribbentrop. Le dîner qui suit se prolonge tandis que les panzers des troupes de la Wehrmacht qui avancent vers l’Autriche tombent en panne à la frontière .
L’Anschluss et l’expansion de l’idéologie nazie mises en scène par Eric Vuillard… on se croirait dans un polar, mais c’est bien une étape de la grande Histoire !
Il n’est pas nécessaire d’écrire 300 pages, la moitié suffisent pour décrire autrement et efficacement l’envers du décor.
Pour échapper à la tyrannie de sa tante et de sa cousine qui l’hébergent à Séoul où elle suit des études universitaires, Bitna répond favorablement à l’offre d’emploi proposée par un inconnu, M. Pak. Dans un rôle de conteuse d’histoires auprès de Salomé atteinte d’une maladie incurable, sa rémunération lui permettra de payer un loyer et de gagner sa liberté.
Bitna raconte le monde, comme lui a demandé Salomé. Elle raconte M. Cho, dans la Corée d’après-guerre et ses pigeons voyageurs, Kitty le chat voyageur qui délivre ses messages, Naomi abandonnée devant la porte de la maternité… des histoires porteuses de messages, reliées entre elle, comme les hommes sont liés les uns aux autres, des histoires dans lesquelles vont aussi se confondre imaginaire et réalité.
Magnifique roman de JMG Le Clézio qui, par la voie de la poésie, détourne avec talent la brutalité de la société urbaine et peint tout en finesse la complexité des sentiments avec en toile de fond le ciel , parfois très gris, de Séoul.
En avril 2019, sa rencontre avec une femme qui a connu Harry pendant la guerre d’Algérie va résonner pour la narratrice comme un nouveau départ dans sa vie. Bien sûr , elle connaît le prénom de son père, Harry, elle sait qu’il est mort a 34 ans, elle avait 15 mois. Elle sait également que les relations de sa mère avec sa belle-famille ont toujours été compliquées. Mais il lui manque tant de clés pour élucider les zones d’ombre qui lui permettraient de vivre plus sereinement avec les fantômes de son père qui a en outre enfreint le conformisme social d’une famille de médecins déracinée de l’Algérie, sa terre natale.
L’Histoire plante le décor de ce drame, brillamment mis en scène par Sarah Chiche, orchestré par l’amour et la haine, sur le ton d’une profonde mélancolie. Du plus profond du gouffre, comment renaître à « la beauté féroce de la vie »?
Un roman fort, émouvant, porté par une écriture lumineuse.
Deux adolescents, Hazel Grace et Augustus Waters se sont rencontrés au sein du groupe de soutien pour lutter contre les effets secondaires du cancer… Elle sous oxygène, lui sur une jambe, entament une belle relation d’amitié que la maladie tarde à faire évoluer en histoire d’amour. Ils partagent humour et légèreté, et grâce à la littérature, ils se lancent dans un projet fou et ambitieux, dont la réalisation leur permettra de dévorer la vie et de faire briller, le temps d’une escapade à Amsterdam, leurs étoiles contraires.
Classé roman jeunesse, c’est aussi une bonne prescription pour adultes. Ce livre a été adapté au cinéma en 2014.
Au 19ème siècle, dans un petit village jurassien, se tenait annuellement la foire aux chevaux. Site de rencontres d’un autre temps, Candre Marchère, riche propriétaire de la forêt d’Or y rencontra Aimée, accompagnée de son père Amand Deville, ancien commandant « dont la gloire avait été écrasée sous le poids du cheval » lors de sa chute. « Candre était un jeune homme riche, orphelin et veuf ». L’union fut scellée dans les plus brefs délais, Aimée fut installée au domaine de Candre , sous le regard attentif d’ Henria la servante, par ailleurs mère d’un garçon troublant, Angelin.
Face au mal-être de sa nouvelle épouse, mélancolique, sans désir, Candre envoya un de ses clercs en Suisse, convaincre une jeune musicienne de venir lui donner des cours de flûte. A travers la musique ou par cette présence, Aimée allait-elle trouver le refuge qui lui manquait ?
Des lieux énigmatiques, des personnages mystérieux et une écriture poétique très adaptée à l’époque, un style propre à Cécile Coulon pour ce roman sombre que j’ai beaucoup aimé.
Au pied du personnage principal, quatre autres gravitent. Noële et sa solitude, sa passion pour les plantes et les pouvoirs qu’elles distillent, Rimbaud le frère mutique qui communique avec le petit Duc à travers ses chants, essentiellement occupé par la récolte des cailloux qui brillent, « les or des fous », Maxim le journaliste malade qui s’installe dans la Maison froide et s’isole de Carmen dont il reçoit les lettres d’amour, sans retour.
La succession de faits et de personnages qui s’enchevêtrent sans lien apparent laisse planer une atmosphère énigmatique élégamment entretenue par l’écriture poétique de Laurence Vilaine. Puis la froideur de la montagne, du climat, la solitude de Noële et de son frère s’évanouissent lentement avec l’arrivée de Maxim. A partir de ce moment, la légende s’éloigne, Carmen ouvre une autre voie.
Cette histoire n’est que poésie. La nature, les sentiments sont transcrits d’une main de peintre.
Fuyant le continent africain, embarqués sur un rafiot pour une traversée à hauts risques, sous une pluie battante ils mettent pied à terre sur un territoire isolé, peuplé de quelques couples et de vieilles femmes vivant dans des maisons délabrées. Les enfants, le maire, le médecin, le curé, la plupart des habitants ont déserté. Nous sommes dans le Campidano, une région en cours de restructuration dans le Sud-Ouest de la Sardaigne.
Les « envahisseurs » vont occuper « la Ruine ». De l’intérieur, ils verront les étoiles. Interrogatifs et découragés, ils s’interrogeront « c’est donc ça l’Europe ? ». Ils ne pensent qu’à Paris, à Londres, à repartir. Dans le village, la méfiance prédomine puis un groupe de femmes allume une véritable lumière en dépit des réticences masculines.
Milena Agus s’empare avec humour de la tragédie migratoire et brosse un tableau flamboyant d’humanité au milieu du chaos. Un sujet brûlant sans solution évoqué avec humour et délicatesse. J’ai parfois bien du mal à me détacher de la réalité, mais j’ai beaucoup apprécié cette « saison douce ».
Malgré un texte agrémenté d’entrelacs avec ces figures mythologiques qui utilisent des subterfuges pour se sortir d’un destin qui les accable, la définition du bonheur tarde à venir. Puis, comme un éblouissement, le dernier tiers du roman déploie enfin la force que je trouvais absente à cause d’un manque de lien entre les deux personnages et surtout des thèmes certes sensibles mais redondants dans la littérature actuelle, maltraitance féminine, harcèlement, viol, liens familiaux…
Un opus qui ne m’a pas transportée mais dont les derniers événements donnent aux personnages une dimension émotionnelle que j’ai vraiment partagée.
D’une narration que j’ai trouvée parfois un peu passive, le ton accablant, je ne pensais pas que l’impact émotionnel serait aussi fort. L’ironie permanente anime cet état latent et d’accablement qui, sans ce style truffé de dérision, aurait simplement décrit de manière angoissante la tare de naître fille, la solitude de l’adolescente, la découverte du plaisir… Sans livrer davantage les étapes des X années de la vie d’une femme, je recommande vivement ce livre qui résonne comme le récit de l’expérience.
Si les paroles de ce petit opus devaient être mises en musique, je me laisserais volontiers porter par la poésie de ses phrases entraînées par un rythme hip-hop. Dans sa version papier, les chapitres courts, le texte aéré façon poème, l’humour sont autant d’ingrédients bien utilisés par l’auteur face aux contradictions qui s’opposent à sa liberté.
Franck Bouysse nous immerge dans une histoire très sombre, celle que Rose a consignée dans ses cahiers. Mais ce n’est pas seulement l’histoire d’une vie, c’est aussi celle de représentants des différentes classes sociales en France, au 19ème siècle. C’est encore l’expression des comportements humains : l’empathie, la misère, le désarroi, l’amour, la méchanceté, la violence… une liste de sentiments ou comportements non exhaustifs, car ce roman est une richesse de rencontres.
J’ai aimé relire des phrases non pas parce que l’écriture est compliquée, non, mais parce qu’elle est belle. A la dernière page, j’ai encore relu les premières ; elles parlent de « l’enfant », car je me suis souvenue que dès ces premières lignes, l’émotion m’avait déjà envahie.
Un roman magnifique!
Dans la vallée du Gour Noir, la centrale électrique est l’unique activité économique. Outre sa distribution de lumière, elle est aussi le garde-manger des habitants, et le domaine exclusif de Joyce, homme d’une ambition démesurée, qui règne par la peur.
Invisible, ses sbires veillent, notamment au café où Lynch, Double et Snike, oreilles aux aguets, enregistrent conversations, faits et gestes, prêts à dénoncer tout détracteur du pouvoir.
Dans la vallée du Gour Noir, vit une fratrie fondée par Martin un père dont l’existence n’aurait pu se vérifier qu’aux traces laissées par ses coups sur le corps des quatre enfants, Mathieu, Marc, Mabel et Luc, Martha la mère se nourrissant de bigoterie et Elie le grand-père, figure d’un héros de l’île aux trésors, lieu magique où Luc évolue avec ses différences.
Une sombre histoire, entre policier et dystopie, sur un ton dramatique et une écriture poétique dignes d'un écrivain talentueux..
Depuis sa cellule qu’il partage avec Patrick Horton, Hells Angel au physique « d’homme et demi », Paul Hansen citoyen au comportement paisible, se souvient.
Entre gravité et humour, la narration au présent d’une vie carcérale à la fois très plate et animée de deux êtres que tout oppose, puis le retour au passé sur la vie d’avant avec ses joies et ses peines, la vie de Paul dont le cours a été dévié, donne le rythme à une histoire singulière, jusqu’au suspens révélé … à quelques pages de la fin !
Dans cet opus, Jean-Paul Dubois exploite avec habileté la diversité et les sensibilités des hommes qui, c’est certain, n’habitent pas le monde de la même façon. A lire absolument.
Sur la petite île bretonne, « dès quatorze ans, doigts serrés sur le volant, vitres ouvertes, Liv Maria parcourait l’île dans une vieille volvo ».
Elle incarne déjà un symbole de liberté, portée par les relations profondes qu’elle entretient avec ses parents. Un amour familial rattrapé par les codes de la « grande tradition patriarcale du monde » suite à l’agression dont elle est victime. Liv Maria est envoyée chez une tante, à Berlin, en 1987
Une rencontre inachevée, un retour sur sa terre natale, des projets avortés, d’autres départs via le Chili, le Guatemala, la stabilité du couple… et le lourd poids du secret.
Un scenario singulier joué par des personnages forts et attachants, campés dans des contextes tangibles, un roman à découvrir.
Aussi plaisante que soit la lecture, il faut atteindre la seconde partie du roman pour trouver une accroche plus profonde à l’histoire, là où le conte cède un peu de place à une autre fiction.
L'’histoire se fond dans les grands problèmes politiques et sociétaux de l’Algérie de 1963. Ben Bellah est au pouvoir.
Style agréable et approche psychologique très réussi des personnages. Ce roman offre l’évasion et la réflexion.
Un récit coloré mais sans grand relief. De nombreux sujets intéressants sont évoqués, régime autoritaire, libertés restreintes, condition des femmes.. mais la narration manque de profondeur et les personnages de caractère. Ce roman ne représente pas le talent habituel de l'auteur.
Un roman foisonnant de personnages atypiques et de situations violentes traduites par un vocabulaire très explicite. La noirceur du tableau est adoucie par un humour discret et illuminée par la poésie. Les références littéraires ont une place de choix dans ce roman et s’imposent comme salvatrices d’une jeunesse désespérée. Reflet des cultures et des crises arabes et européennes (révolutions arabes de 2011, attentats, mouvement des Indignés…), « Rue des Voleurs » est un roman initiatique très riche et émouvant.
Serge Joncour construit deux histoires, en juxtaposant deux périodes, 1914 - 2014,avec chacune sa population, sa vie sociale au gré des événements, des temps de paix et de guerre. Il pose son objectif sur la nature et les hommes. Cette alternance permet d’établir des comparaisons, de constater les changements ou bien les intemporalités, naturels ou technologiques. Il décrit aussi une autre nature, celle des comportements humain et animal.
Serge Joncour inspiré de Thomas Hobbes ? Chien-Loup et Le Léviathan ? Serge Joncour et Jack London ? Chien-Loup et l’appel de la forêt ? Dans notre société de l’ultra (performance, rapidité, consommation…) Hobbes a encore raison « L’homme est un loup pour l’homme ».
Ce roman est un tourbillon d’idées et de situations enchaînées dans un désordre maîtrisé par l’auteur, à charge pour le lecteur d’en tirer les ficelles. Pas question donc de s’éloigner du texte, il demande une certaine concentration : les destins, les événements, les sentiments, s’entrechoquent dans une force incontrôlable, à perdre la raison… comme la passion amoureuse ? Autre sujet qui prend une part importante dans ce roman : une fois acquis les héritages de l’Histoire et de la génétique, nous reste-t-il une grande maîtrise sur notre existence ?
Parfois déroutant voire dérangeant, ce roman est époustouflant.
Edgar et Ludmilla incarnent la jeunesse des années 60 en France , l’émergence du libéralisme avec ses espoirs et ses dangers, l’évolution des codes de la société du 20ème siècle sans toutefois atteindre l’importance de l’union quelle qu’en soit sa forme.
J’ai lu ce roman plein d’enthousiasme avec plaisir. Cependant, je nuancerai mon propos en regrettant que son titre dévoile le suspens . Le lecteur sait que chaque étape de la vie des deux héros débutera par un mariage et se terminera par un divorce, enfin presque…
Et puis, malgré tous les aspects positifs de ce roman, et j’insiste sur la qualité de l’écriture, plus abouti que « le suspendu de Conakry », je n’ai pas retrouvé la grandeur de « Rouge Brésil » ou du « Collier rouge ».
Je qualifierais ce témoignage de particulier. Il est certes d’une grande précision sur le quotidien et sur le sort des prisonniers du « Lager », mais il est surtout surprenant par le ton linéaire employé, froid, qui jamais ne laisse paraître la haine ou l’esprit de vengeance.
Cet ouvrage est davantage une analyse de l’Homme. Outre les stratégies des nazis, l’auteur évoque notamment la honte du survivant, les réactions des prisonniers en position d’autorité dans la hiérarchie de la déshumanisation, l’instinct de survie paralysant l’altruisme…
Il me semble inutile de discourir sur ce récit poignant, porté par une traduction qui révèle avec force la tragédie des camps de concentration. « Si c’est un homme » constitue une ressource historique sur la vie dans les camps de concentration qu’il convient de mettre absolument entre les mains des jeunes générations, et de celles de certains anciens qui pensent « que c’était mieux avant » !
Révoltes passées et violences actuelles n’ont-elles pas toujours les mêmes origines, actionnées par la connerie humaine (pour rejoindre Romain Gary)?
Une nuit avec Jean Seberg est l’expression brillante de cet « éternel recommencement ». L’écriture soignée concilie un certain romantisme avec la brutalité de l’Histoire, l’expression des sentiments permet d’entrer dans les émotions des personnages, des notes de l’auteur ancrent les connaissances ou éveillent la curiosité… Ce roman a été un véritable coup de cœur.
En choisissant ce livre, c’est avant tout le musicien que je pensais sans doute retrouver. Or, je découvre donc l’écrivain « Mathias Malzieu » dans un univers imaginaire et fantaisiste.
Une péniche « le flowerburger », héritage de la grand-mère Sylvia, son petit-fils Gaspard très sentimental, une jeune femme médecin, Miléna, endeuillée par le pouvoir d’une créature au sang bleu, Rossy la gentille voisine de Gaspard, etc… une palette de personnages familiers que chacun peut côtoyer au quotidien, sauf peut-être la femme poisson que la Seine a sorti de son lit et fait s’échouer sur le chemin de Gaspard ! A partir de ce contexte farfelu, l’auteur imagine un univers décalé dans lequel il insère cependant les nombreux sujets qui tissent une vie ordinaire : la mort, le deuil, le rêve et surtout, l’amour.
L’écriture poétique, drôle et imagée reflète parfaitement le contexte. Pour autant, je suis restée à côté de ce conte moderne gentillet.
Il s’agit d’une histoire d’amour filiale comme celle que Dumas fils aurait qualifié « d’écrasante », qui, malgré le quasi enfermement de personnalité qu’elle provoquait, ne fut pas dévastatrice.
Un an après le décès de son père, Laurent, l’auteur narrateur retourne sur la tombe.
Pendant le vol vers Israël, l’auteur raconte à sa voisine, son enfance, sa place dans le couple parental, son obéissance, sa dépendance… Avec tristesse et mélancolie, avec humour aussi, il se libère par bribe de ce fardeau d’amour parental.
« Un fils obéissant », c’est un peu Romain Gary et « La promesse de l’aube » : la description des sentiments, les mots et un style qui invitent les émotions, une grande sensibilité, un vrai plaisir de lecture !
Exauçant les souhaits de sa mère, Laurent Seksik a été médecin, et selon les désirs de son père, il est écrivain. La médecine a perdu un des leurs, la culture a gagné un écrivain talentueux !
On a beaucoup lu sur la déportation, la Résistance et ses réseaux...mais que la plume de Marguerite Duras avait du talent pour raconter et faire naître les frissons de la douleur !
Résistants dans le réseau Morland, le 1er juin 1944, Robert L. mari de la narratrice, est arrêté par La Gestapo. Dans l’attente d’un improbable retour, elle déploie toutes ses forces et son imagination pour savoir. L’état des soldats épargnés parlent d’eux-mêmes des conditions de leur détention, la découverte des charniers dans les camps… oui, la littérature transmet toujours les messages de l’horreur, mais c’est d’autant plus émouvant lorsque l’écriture parle vraie.
Marguerite Duras emploie des mots simples et justes, écrit de courtes phrases pour marteler les faits, accentuer la douleur dévastatrice de l’attente, du questionnement, de la séparation, de l’espoir furtif suivi du plus profond désespoir…
Outre l’expression forte d’une foule de sentiments, le lecteur est plongé dans le contexte troublant de l’Occupation et les agissements des humains, que seule pareille époque peut envisager sans jamais toutefois justifier.
Objet littéraire ou objet de mémoire ? « la douleur » est le livre de Marguerite Duras à lire à tout prix.
Paris Montmartre en 1909, ce sont les décor et ambiance du roman de Julien Delmaire. Période de paix et de tranformations du pays, La Belle Epoque insuffle un esprit de liberté et d’insouciance. L’Art Nouveau détrône l’art classique, de nouveaux courants artistiques émergent, exhalant l’envie d’un monde nouveau, moderne, coloré.
Dans ce Paris, Masseïda, jeune femme noire, déambule sans repère, côtoie la prostitution mais ne s’y perd pas, chante dans les cabarets, et enfin pousse la porte de l’atelier de Théophile Alexandre Steinlen, célèbre pour sa lithographie du Chat Noir mais aussi peintre accompli.
La journée à Montmartre, les odeurs se répandent, les couleurs jaillissent, les voix des nombreux commerçants s’entremêlent… La nuit, à Montmartre, Le Lapin Agile, Le Chat Noir distillent lumière et musique qui réchauffent les cœurs, offrent l’absinthe qui anesthésie les douleurs d’une vie précaire ou d’un avenir sans lendemain ou qui inspire les clients. Sans oublier, au détour d’une rue, sur les pas de porte, dans les ateliers, les chats qui posent ou s’invitent le temps d’une déambulation.
Minuit, Montmartre, est un roman tout en sensualité, une image de Montmartre travaillée par une plume élégante. Les personnages sont authentiques, comme sur les gravures ou les images de nos livres d’histoire. Et dans cet écrin, se déroule l’histoire de Massa et Steinlen.
Soumis au rythme migratoire hebdomadaire imposé par ses parents qui ont rompu toute communication, Théo endosse les colères de sa mère et absorbe la déchéance de son père.
Les effets planants que lui procure l’alcool qu’il absorbe avec son copain Matis accroissent son état de somnolence et de fatigue que la plupart des professeurs analyse comme un abus d’écrans en tout genre. Ces personnes sont-elles dupes ou refusent-elles d’activer ces stigmates de l’enfance qui se cumulent pour construire notre Moi adulte et nos valeurs ?
L’histoire suit les quatre protagonistes, Théo et Mathis deux enfants en difficultés, leur mère respective : Hélène marquée par les meurtrissures indélébiles de son enfance, et Cécile : femme conformiste.
Delphine de Vigan décrit avec clairvoyance les comportements générés par une société sans concession pour les enfants victimes de ruptures familiales, et les adultes emportés par le tourbillon d’une vie au sein de laquelle ils jouent en fonction de leurs propres ressources ou de subterfuges, leur rôle d’acteur.
Au-delà des aspects factuels, j’ai particulièrement apprécié la psychologie des personnages, notamment la double personnalité qui sommeille en chacun.
Entre un père à qui le destin a dû décrire une trajectoire compliquée, une mère ayant la personnalité d’une amibe, l’éducation des enfants est à la mesure de la situation. Naturellement, à 10 ans, elle veille sur son petit frère Gilles. Mais n’importe quelle protection, aussi forte soit-elle, ne parviendra à effacer le traumatisme suite au dramatique accident dont ils seront spectateurs.
Après s’être brûlée aux illusions de Monica, voisine loufoque, elle est convaincue que seule la science lui livrera la formule d’accès à la vraie vie, celle dans laquelle Gilles retrouverait son âme d’enfant, où l’amour existerait, où les rêves seraient permis…
Conte ou roman initiatique, peu importe le qualificatif, Adeline Dieudonné frappe fort dans tous les sens du terme : elle mêle le sordide des faits, la misère sociale, la bestialité de certains personnages, la candeur enfantine, la promesse de l’amour, ceci dans une société pas tout à fait imaginaire. Autant de sujets emmenés d’une écriture habile qui permet aux émotions de passer de la légèreté à la violence, avec humour et tout en poésie.
En Espagne l’armée franquiste bombarde Guernica, l’URSS vit sous la répression stalinienne, des groupuscules d’extrême droite sévissent en France. Dans le pays fébrile, « l’homme qui marche » n’est pas né, mais Alberto Giacometti rêve d’aller droit sur le père de l’Existentialisme pour « lui casser la gueule ».Aussi, ce projet nourrira-t-il l’histoire que nous livre Jérôme Attal.D’une façon très agréable, nous croisons toute la lignée des artistes et intellectuels des années 30, nous parcourons le Paris branché de l’époque. Mais j’ai imaginé ce roman sans les grands noms, et j’ai pensé qu’il serait appauvri. Il serait alors une page de l’Histoire, ou plus exactement, un tableau du milieu artistique très parisien de l’époque. Le style de l’auteur lui donnerait du relief, de la matière, et en ferait presque une parodie.Cela pour conclure à un avis mitigé sur le fond et mon admiration sur la forme. Une excellente « comédie tourbillonnante » à adapter au cinéma.
Au cœur de la culture japonaise, les Yakusas représentent une population importante.Les évolutions polito-économiques et les phénomènes naturels sont entre autres les causes de ces disparitions.C’est dans ce cadre que Thomas B. Reverdy écrit son roman, un an après le séisme qui a ravagé le nord-est du pays, détruit des familles, ouvrant la porte à une économie souterraine et à une sorte d’esclavage de la main-d’œuvre, tels « les nettoyeurs » de Fukushima.Yukiko, exilée en Californie, revient au pays dans l’espoir d’y retrouver Kazehiro son père disparu pour ne pas affronter le licenciement qui se profilait. Richard B., son ex-amant, et détective privé l’accompagne et mènera l’enquête.Les courts chapitres s’enchaînent en alternant les personnages, où l’on suit d’une part, Kaze (Kazehiro) et Akainu, jeune garçon qui s’est enfui traumatisé par le séisme, sans nouvelles de ses parents, et d’autre part, Yukiko en immersion dans son pays avec Richard sans repère.Thomas B. Reverdy excelle dans la photographie de la culture japonaise et dans la narration des événements que ce soit pour décrire la psychologie des personnages ou pour évoquer les conséquences du tsunami dans la prolifération des dérives mafieuses. Une écriture sensible et poétique, à la marge de la mélancolie, teintée d’humour, ponctuée de quelques clichés, ce « roman japonais » m’a réellement entraînée dans une lecture passionnée.
Je me suis laissée porter par l’écriture lente, l’atmosphère lourde diffusée par les mots et le style de l’auteur, teintée d’une ironie fine, sans ennui mais plutôt avec hâte de suivre les événements et de connaître la fin.Les personnages, dont François, le principal, sont niais, sans conviction, acceptant l’impensable dans la soumission, dans le droit chemin de ce qui leur était dicté.En conclusion, j’ai aimé ce roman, et je crois que la dystopie doit avoir une place importante dans la littérature. Le roman dystopique sert notre société, comme une alerte en ouvrant la réflexion, en refusant l’abrutissement.
Dans ce roman bouleversant, Gaëlle Josse exprime pudiquement, avec une intensité remarquable la douleur de l’abandon, la culpabilité d’une mère et la détresse d’une femme isolée socialement. Malgré la tristesse de l’histoire et assez tôt une idée de l’épilogue, j’ai refermé ce livre à regret, en pensant à un roman précédent de l’auteur « L’ombre de nos nuits » qui m’avait déjà beaucoup marquée.
Paul, le narrateur est un jeune adolescent sympathique, au physique efféminé, qui aime les femmes. Entouré de deux mères, sa génitrice Léna femme libre, au profil chamarré,et Stella sa compagne auprès de qui Paul construit son espace sécuritaire.Faisant fi des études, Paul s’auto proclame musicien et anime les soirées dans le restaurant de Stella, ajoutant à ce job nocturne des missions de client mystère.En se déclarant homosexuel, il achète à la fois la paix avec sa mère ravie de faire sauter les codes et avec son meilleur ami fou amoureux qui garde espoir…Le père dans tout ça ? Il est absent et ne semble pas être la préoccupation première de son fils. On entre dans une histoire loufoque en suivant Paul qui évolue dans un milieu où il ne sait pas trop bien qui il est, se cherche une personnalité autant qu’un style de vie, avec les moyens du bord.On parcourt les lignes, on tourne les pages sans que se bousculent les émotions; on sourit, le style est fluide et agréable ; roman picaresque avec ses personnages pittoresques dans une société déjantée ? J’ai trouvé le point d’accroche lorsque, près de la fin, apparaît David Bowie. Dommage que l’auteur n’ait pas déroulé un fil conducteur plus profond.
Rescapé du massacre de Conakry, Thierno, jeune adolescent de 15 ans a laissé sa mère et le reste de sa famille en Guinée où la terreur est omniprésente. Après bien des déboires comme à l’arrivée de l’embarquement en Grèce, des incertitudes, sans doute un peu d’insouciance pour oser tenter les risques constants, comment supporter autant de souffrances, indignes pour un gamin de cet âge, quelles sont les clés de sa survie ? L'espoir d'une vie meilleure, sans aucun doute un peu de chance dans cette grande misère mais surtout un esprit combatif et beaucoup de courage. C’est un témoignage poignant que raconte Thierno Diallo, que l’on reçoit en pleine figure au moment où la question migratoire agite beaucoup les politiques, préoccupe le monde humanitaire, interpelle-et dérange- chaque citoyen… à lire et faire lire autour de soi…
Une bibliothèque des romans refusés, une idée très intéressante dont David Foenkinos est venu parler avec enthousiasme sur le plateau de la Grande Librairie, accompagné des commentaires bienveillants de François Busnel. Comme d’autres personnes amoureuses de la littérature, que ce soit écrivains, éditeurs, libraires et autres lecteurs, le présentateur est présent parmi les nombreux personnages cités dans le roman. A ce titre, retrouver ceux que j’aime côtoyer au quotidien, dans la presse, sur les ondes ou sur le petit écran, errer au sein du monde littéraire, étaient pour moi le pari certain d’un coup de cœur garanti.Eh bien, passées les trente premières pages, j’ai dû me rendre à l’évidence, je ne reconnaissais pas l’écriture presque scolaire, le style trop proche d’un roman fleur bleue, enfin, je ne retrouvais rien de la plume qui avait écrit « Charlotte », roman passionnant. Sans ces légèretés, je passe sur les notes de bas de page… l’histoire aurait pu être intéressante, mais pour ma part, elle manque de panache. Enfin, ce livre n’a tout de même pas rejoint ceux qui prennent la poussière sur les étagères de l’hypothétique librairie de Crozon !
Le tango endiablé du couple en couverture du livre me fait davantage penser à un de ces romans d’amour rapidement écrit. Toutefois, le titre m’interpelle et la critique appelle ma curiosité. Il me faut cependant arriver au-delà des cinquante premières pages d’un récit totalement loufoque que je n’affectionne pas, mais j’en conviens plein de drôleries bien amenées, pour convenir qu’au-delà de toute cette mise en scène narrée par le fils, reprise par le journal secret du père, ma sensibilité se trouve petit à petit mise à nu.C’est l’histoire d’une famille, le père, la mère, le fils et… Superfétatoire, la grue de Numidie, qui ajoute un peu plus de burlesque au sein de cette famille décalée. Que ce soit le travail pour le père, l’école pour le fils, les règles de la société, tout cela est « frappé au coin du bon sens ». La famille, c’est la liberté, la fête, l’insouciance loin du conformisme, et surtout ce lien d’amour très fort entre tous… jusqu’à ce que l’intrus vienne frapper. Le texte change de tonalité au fur et à mesure que s’installe la gravité ; l’humour moins percutant reste présent et toujours très subtil. La poésie invite la mélancolie, et l’émotion est grande.Abandonnez- vous à cette lecture, ajoutez en fond sonore la belle chanson de Nina Simone, vous risquez seulement de passer un très bon moment.
Son quotidien est un univers de marins, de ces colosses au teint buriné, de ces hommes qui se trouvent là après une vie brisée, « ces tordus de la planète qui veulent recommencer une nouvelle vie », ceux qui, comme Lily cherchent un combat, ces hommes sans attaches, sans « home », ou simplement ceux qui partent à l’aventure.Lily accepte les conditions de vie spartiates, la promiscuité de petite femelle qui doit se faire respecter, « petit moineau » à la voix faible, au corps menu, dénué de féminité, avec ceux qui s’imposent par leur brutalité mysogine.Elle s’accommode et fait face aussi bien aux éléments qu’à la rudesse de la tâche, essaie de s’affranchir des douleurs physiques et des blessures issues de ses « corps à corps avec les gisants ».Ce roman est une ode au courage, à la volonté, au dépassement, décrits à travers la vie de chaque jour. Comme un apaisement, sommeille puis exulte une histoire d’amour entre l’aventurière et le grand marin aux yeux jaunes et à la crinière de lion… Il décrit aussi un choix de vie refusant le confort et la facilité, qui à ce stade, ma paraît presque imprégné d’égocentrisme.
Emile, le narrateur, est le fils d’André Choulans, chanteur, footballeur, professeur de judo, espion, et conseiller personnel du Général de Gaulle, ami politique des célèbres membres actifs de l’OAS… Sa mère n’est qu’une pauvre femme aux yeux de son mari. .Le putch de 1961 marque l’entrée en collaboration d’Emile pour son père, qui lui ordonnent ses missions et lui enseigne le comportement qui doit les accompagner. Ces apprentissages de combattant sont au prix de violences physiques et morales inouïes ; les coups pleuvent sur cet enfant qui les reçoit prostré à terre dans sa chambre, et les insultes fusent. Après ces terribles moments, sa mère ne peut que parler à travers la cloison à son fils. Emile doit exécuter des ordres sans rechigner, en toute discrétion, pour servir la cause de son père, et venger son ami, le Général de Gaulle, qui l’a trahi. Le style limpide, les mots justes, les émotions vraies m’ont véritablement accrochée à ce roman, mais de nombreuses questions ont suivi, notamment : comment peut-on vivre « normalement » au sein d’une « vraie » famille après autant de traumatismes ? L’amour facilite-t-il le pardon ?
J’étais couchée, je venais de lire la dernière page de « Vernon Subutex » et le suivant sur la pile était justement « les quatre saisons de l’été ». Je n’avais pas sommeil, j’ai ouvert le livre et j’en ai lu les deux tiers ce soir là… Après la violence de la vie des protagonistes de Vernon Subutex, je suis entrée dans la douce violence de l’amour de Louis, Isabelle, Monique et Rose. Je ne veux pas comparer l’incomparable, mais je crois que la douceur du texte de Grégoire Delacourt a raisonné en moi comme une sorte de poésie, certes agréable, apaisante mais un peu naïve. Je me suis malgré tout laissé porter par ces quatre saisons de vie à l’été 1999, au Touquet, ses vastes plages, ses beaux hôtels, l’histoire de vie de ces quatre personnes dans laquelle insouciance, joie, nostalgie et tristesse s’expriment. J’ai lu un beau roman d’été, mais je ne pense pas qu’il reste dans ma mémoire comme « la liste de mes envies »
Autant je me suis mise dans ce livre avec plaisir, j'ai même réellement apprécié la première partie, les rencontres de l'écrivain avec ses lecteurs dans les salons, avec la presse, les phrases drôles et parfois caustiques, autant j'ai trouvé l'ennui assez vite. J'avais l'impression d'un essoufflement, jusqu'à relire des paragraphes sur lesquels je m'étais carrément déconcentrée. J'ai fermé le livre avant la fin, fait exceptionnel! Je n'ai absolument rien retrouvé du talent d'entre les murs"
J'ai apprécié le témoignage de Lydia GUIROUS sur son parcours de vie depuis son arrivée en France, ses difficultés, son combat courageux pour être reconnue, son talent...j'ai regretté que ce livre soit aussi l'apologie d'un parti politique. Mais elle a le mérite de faire passer ses idées en proposant des solutions contre les extrémismes en défendant la laïcité.
César, journaliste, a beaucoup voyagé et beaucoup appris lors de ses reportages loin de l’Europe, là où la guerre ou la misère sévissent. Il rencontre Paz , une jeune et belle Asturienne, artiste photographe, talentueuse, et c’est pour lui une véritable passion. Leur histoire et ses difficultés, César la raconte à Hector, leur fils, son autre amour. C’est la trame du roman.Bien plus qu’une histoire entre deux personnes, le roman nous porte vers les paysages merveilleux d’ Asturie, d’Italie, les fonds marins et leurs singuliers habitants, nous amène à nous interroger sur la vie qui file à toute allure et qui nous soulève dans son tourbillon, superficielle, sans contrôle, sur le bonheur et l’idée que chacun peut s’en faire… Enfin, j’ai énormément apprécié l’immersion dans le milieu culturel guidée par de nombreuses références artistiques. L’écriture est limpide et rend la lecture agréable. Le sujet principal peut paraître un remake facile de l’amour et ses diverses approches, mais l’ensemble offre un bon moment de lecture.
Au lendemain du décès accidentel de sa mère, « Lobbi », jeune trentenaire aux cheveux roux, quitte son père octogénaire, son frère autiste et sa Flora Sol, sa fille de 8 mois, créée par hasard lors d’une courte nuit avec Anna.Passionné d’horticulture, il s’est fixé comme mission de remettre en état la roseraie quasiment abandonnée d’un monastère, quelque part en Europe du Nord, et d’y planter la très fragile ROSA CANDIDA, rose à huit pétales, sans épine, cultivée avec amour par sa mère. Ses principaux et presque uniques bagages sont 3 boutures de cette fleur.Candide, Lobbi a tout à apprendre de la vie. Il sera aidé par sa rencontre avec un moine cinéphile qui se chargera entre autres de son éducation sentimentale, il devra assumer son rôle de père pour permettre à Anna de se consacrer un temps à ses études … et devenir homme responsable. Il garde aussi un contact téléphonique régulier avec son père, occasion d’évoquer à travers des recettes culinaires, des souvenirs de sa mère, et permettant à cet homme veuf de continuer son travail de deuil.Une bonne traduction permet de rendre la lecture agréable. L’histoire est sans grand suspens mais créée de douces émotions. Romantisme, altruisme, amitiés, un roman qui dégage calme et sérénité, jusqu’à ce rayon de lumière avec lequel on referme le livre.
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